Mise en contexte
Ce projet représente l’aboutissement de deux années d’apprentissage en médias interactifs à l’UQÀM et une année dédiée à la conception et mise en place de cette installation de type interactive. Lampades a été sélectionné parmi les propositions conceptuelles et a été réalisé dans la dernière année du baccalauréat, l’installation a eu lieu au Centre de la nature à Laval à l’été 2021. L’événement nocturne comportait 3 différents projets issus de la même cohorte, disponibles l’un à la suite de l’autre sur un parcours défini dans le parc.
Concept
La prémisse, pour ma part, est cette l’idée où le lampadaire agit comme une sorte d’entité rassurante en l’absence de lumière naturelle. Le jour il ne joue aucun rôle en soi, on oublie pratiquement son existence et puis la nuit il redevient ce repère essentiel, sorte de balise qui nous permet d’exercer nos activités. Lorsqu’on marche tard le soir et que la noirceur nous entoure, ces objets artificiels, immobiles, deviennent des phares qui laissent percevoir leurs environs et dévoilent des tableaux visuels uniques placés en leur périphérie. Des micros systèmes se dévoilent tels des systèmes d’étoile dévoilent leurs planètes dans la grande noirceur du cosmos.

Nous avons eu envie de faire l’éloge de cet objet en élaborant une scénographie reliée autour du lampadaire, lequel tiendrait un rôle d’acteur dans l’expérience sans subir de modification esthétique. Nous voulions créer une sorte d’événement surnaturel lumineux qui susciterait une émotion semblable à la rencontre d’une entité inconnue, étrangère, dans un état de quiétude, similaire à celle vécu par les protagonistes dans le film Arrival de Denis Villeneuve. Il nous est venu l’idée d’ajouter cet effet visuel afin de créer une sorte d’échange entre le lampadaire et la personne qui constate ce phénomène, comme si le lampadaire tentait d’établir une communication sous forme de lumière. Pour ce faire, nous avons cherché une manière de faire de la projection sur de la matière volatile afin de créer une sorte d’illusion optique, une sorte d’invitation visuelle qui intrigue le passant ou la passante. C’est avec un système de bruine d’eau que nous avons vu le plus de potentiel. Certains membres de notre équipe ont d’ailleurs eu les conseils de l’artiste Joanie Lemercier qui exploite ce type de technique et a eu la gentillesse de nous donner des trucs concernant le type de buse idéale pour la création de la bruine. La projection sur le rideau de gouttelettes se manifeste différemment d’une surface immobile et entièrement opaque, la bruine crée une surface variable et dynamique qui donne une certaine profondeur au visuel en laissant la lumière pénétrer de manière à créer une tridimensionnalité.
Contraintes pédagogiques
L’installation aurait été parfaitement adaptable à un environnement discret, conçu pour une personne seule qui tomberait par hasard sur cette expérience durant sa marche nocturne, avec des composants dissimulés pour ne pas divulgâcher l’installation. La réalité pour un projet d’école est bien sûr différente et il faut faire en sorte que le tout soit compréhensible. S’en est découlé une adaptation simplifiée pour un plus grand public, avec laquelle nous avons pu nous concentrer sur la technicalité et la faisabilité du projet, trouver un terrain d’entente où tous les membres peuvent se reconnaître derrière le concept.
C’est dans cette optique que nous avons créé une forme de narration qui englobe le phénomène en surnommant les projections comme étant des mirages nocturnes qui donne une linéarité au concept pour faire avancer la personne qui l’expérimente. Nous avons déterminé qu’il serait plus approprié de créer une installation qui encourage le mouvement en utilisant plusieurs points de projection, de plus cela permet d’avoir différents groupes d’invités qui vivent l’expérience de manière désynchronisée. Nous avons donc utilisé 5 phases, en se basant également sur le nombre de lampadaires disponible au Centre de la Nature en bordure du lac central.
Contribution personnelle
Mon rôle a été attitré principalement à la création sonore, en plus de participer à d’autres aspects du projet tels la création du système d’envoi de données, les idéations, la plomberie, l’assurance qualité, etc.
En plus de m’occuper de la production sonore, j’ai fait en sorte que les pistes sonores puissent être manipulées par le système de gestion dans TouchDesigner. Cette communication a fait en sorte que les sons soient activés dans Ableton Live, pour chacun des ordinateurs se trouvant à chacun des lampadaires (5) par l’entremise d’un système englobant tous les aspects de l’installation. J’ai fait également les recherches pour le système d’acheminement de l’eau à chacun des lampadaires, le tout avec du matériel de plomberie.
Déroulement de l’expérience
L’accès à un mirage se produit en entrant sur le lieu de la visite, le phénomène lumineux est perceptible à distance puis se transforme chaque fois qu’on le rejoint pour finalement devenir une sorte de climax, avant de s’éteindre définitivement à la fin du parcours de l’installation. La sélection du mirage est pigée aléatoirement parmi 5 variations différentes déterminées au premier lampadaire qui joue le rôle du point initial. Une atmosphère musicale accompagne chacun des mirages et se transforme également au fil des évolutions.
Les personnes témoins du phénomène se dirigent vers le mirage et tentent et éventuellement de s’en approcher, parfois de le toucher, ce qui fait en sorte qu’il se dissipe. Des lidars sont installés en bordure du passage pour détecter la présence des gens et déterminer leur position, le système de gestion construit dans TouchDesigner vérifie la distance des gens et s’occupe de déplacer le mirage au prochain lampadaire se trouvant à plusieurs dizaines de mètres plus loin.
Chaque itération de mirage est une variation plus complexe que sa précédente, de manière croissante. Ce n’est qu’au dernier mirage que le système arrêtera de reproduire la boucle, pour laisser les invités se diriger vers l’installation d’une autre équipe. En effet, il est essentiel de penser à une manière de faire avancer les gens pour créer une fluidité sur le parcours et assurer le mouvement des invités pour pouvoir accueillir le plus de spectateurs-trices sans créer de bouchon. Ce n’est qu’à la tenue de l’événement que nous avons pu adapter certains paramètres du système de gestion pour améliorer cette fluidité.