La musique distribuée de manière physique est en quelque sorte une occasion pour les artistes d’ajouter du contenu sous une forme différente susceptible de consolider et, à mon avis, renforcer l’expérience auprès de l’auditoire. Le groupe Porcupine Tree a été une source d’influence considérable dans mon cheminement personnel entre autres par le fait que cette formation musicale a investi beaucoup d’énergie dans la conception visuelle qui appuie les concepts des albums. Depuis que le groupe a bénéficié d’une certaine notoriété, avec la sortie de l’album In Absentia, il leur a été possible d’investir davantage de ressources dans le support visuel. Les albums plus modernes du groupe ont tous connu des adaptations en format dit Deluxe, lequel propose une expérience complète en y ajoutant des centaines d’images et plusieurs formats audio et vidéo. Cette forme d’exercice est une mécanique qui stimule le principe de l’immersion, dans ma consommation personnelle. Porcupine Tree m’a en quelque sorte initié au fait de m’intéresser à la pratique multidisciplinaire.
Les albums plus anciens de la formation britannique n’ont donc pas reçu le même traitement et c’est dans ce contexte que j’ai tenté d’interpréter à l’aide de la technique vidéographique, une de mes pièces fétiches issue de l’album portant le même nom The Sky Moves Sideways sortie en 1995. On pourrait parler ici d’une forme d’éloge, mais je n’ai pas la prétention de considérer avoir créé un visuel digne de la qualité sonore de la pièce empruntée. Ce projet personnel est le produit d’un objectif volontairement imposé afin d’explorer et consolider des techniques liées à l’apprentissage du logiciel TouchDesigner, qui était tout nouveau pour moi.
Les fluides captés de manière macroscopique sont issus des séances effectuées lors du projet précédent (Translucide) et ont été découpés afin de créer une large banque de sources vidéos. De nouveaux tournages ont également été effectués afin de capter les nuages dans différents contextes et formes, créant ainsi une banque d’images pour la deuxième phase de l’expérience. Ces sources vidéos sont pigées semi-aléatoirement grâce à la possibilité qu’offre TouchDesigner de créer des systèmes complètement personnalisés.
Le logiciel a permis de préserver la linéarité de la pièce musicale tout en proposant une expérience différente selon des paramètres préalablement construits, manipulables à l’aide d’un clavier MIDI externe. Les visuels sont donc altérés avec des paramètres suffisamment nombreux pour créer un principe de surprise, même pour le concepteur.
Des contenus numériques sont également générés par ce même système, plus nous avançons à travers les phases de l’expérience. On peut y voir entre autres un système de particules et de la 3D, sans compter les traitements d’images comme les effets kaléidoscopiques. L’analyse audio est également utilisée pour certaines séquences où les types de fréquences affectent les effets visuels et parfois leur synchronicité.
La vidéo présentée ci-dessus est un montage des meilleurs moments résultant de ce système.